Couflens le 21 juin 2016
Droit de réponse à la dernière conférence de presse de Mme la Préfète de l’Ariège.
Communiqué de presse
Nous prenons acte du fait que Mme Marie Lajus, préfète de l’Ariège prenne, enfin, en compte la problématique amiante dans le dossier de demande de Permis exclusif de Recherche concernant le secteur de Salau. En revanche, nous déplorons que toutes les études publiées par le passé soient niées et que les
affirmations des services de l’état ne soient pas entendues.
- Plusieurs thèses universitaires réalisées sur le gisement de Salau pendant l’exploitation de celui-ci, confirment la présence d'amphiboles asbestiformes ou non, d’actinolite et de trémolite, donc d’amiante (terme grand public utilisé pour désigner ce type de matériaux) : Mme Colette Derré écrivait en 1978 : « La gangue de ce minerai riche en scheelite est le produit de l’altération des skarns et des skarnoïdes. Elle contient de l’hédenbergite relique, aux dépens de laquelle se développe une amphibole de composition variable entre une ferroactinote et une hornblende très riche en fer.».
En 1987 M. Alain Zham écrivait :
« Le développement d'amphibole dans les diverses roches étudiées, déjà signalé au cours de cette étude, est un phénomène fréquent lié à l'altération des roches sédimentaires formant l'encaissant de la granodiorite.
On observe la formation d'une amphibole ferrifère sur l'hedenbergite, quand le quartz envahit les skarns.».
M. Pierre Soler écrivait, lui, en 1977 : « Dans les roches calciques on note la présence d’amphibole fibreuse à structure d’amiante en veines centimétriques à décimétriques. Elle est souvent associée à la calcite. L’épidote et la calcite, associée ou non, forment de nombreuses petites veinules. »
- Le directeur de la Mine écrivait en novembre 1983 à sa direction : « Il n’a pas été trouvé d’amiante dans les échantillons de granite ni dans les quartz à scheelite. Sur tous les autres échantillons on a trouvé de l’actinolite ; sur trois d’entre eux elle est sous forme fibreuse. On se rappellera que l’actinote est une amphibole (...) constituant une variété d’amiante dans les formes fibreuses ».
- M. Boulmié du BRGM écrivait dans un rapport en 1984 : « De l’amphibole à faciès fibreux est observée dans des cornéennes et dans des skarns. Il s’agit d’actinolite, qui, sans atteindre un faciès abestiforme typique, est apte à produire des fragments fibreux que l’on doit classer sous l’appellation amiante. »
- Une dizaine d’autres études et rapports scientifiques confirment la présence d’amphiboles, d’actinolite et de trémolite. Certaines font le lien avec la santé des travailleurs, M. Henri Pézerat du CNRS écrivait en 1986 «la dizaine de cas de fibroses, naissantes ou bien caractérisées, observées sur les 100 ou 150 personnes exposées à Salau depuis moins de 15 ans, est due essentiellement à une surexposition aux poussières d’actinolite».
- Le 10 mai 2016, le représentant de la DREAL (service de l’Etat), en charge des dossiers «mines» affirme, à Salau, en présence du sous préfet devant une assemblée de soixante-dix personnes : « Il y a longtemps que l’on sait qu’il y a de l’amiante à Salau ». Il réaffirmera ses dires le jeudi suivant dans le journal
d’information régionale de France 3.
- En décembre 2015 l’ANSES indique dans un rapport : « En l’état actuel des connaissances sur les effets sanitaires, les fragments de clivage des amphiboles non asbestiformes d’actinolite, de trémolite, d’anthophyllite, de grunérite et de riébeckite ne doivent pas être distingués de leurs homologues asbestiformes (actinolite-amiante, trémolite-amiante, anthophyllite-amiante, amosite et crocidolite)»
Dans le cas (peu probable évidemment !), où les nouvelles analyses (payées par la société Variscan !) montreraient qu’il n’y ni actinolite, ni trémolite ni aucune autre amphibole à Salau, il faudra que Mme la Préfète nous explique scientifiquement comment et pourquoi ces matériaux asbestiformes, présents sur le site avant 1986, ont disparu depuis !
Nous demandons, également, à Mme la Préfète de prendre rapidement en compte la problématique arsenic de ce projet car il faut tenir compte des pollutions actuelles et futures qu’est susceptible de favoriser ce minéral. On constate aujourd'hui une concentration importante d’arsenic aux pieds des stériles de l’ancienne exploitation. Cette pollution est pour le moment contenue dans des digues de fortune en très mauvais état qu’il convient de restaurer au plus vite afin éviter que les sédiments d’arsenic se déversent dans le Cougnets puis le Salat et que l’on retrouve ceux-ci à Seix, à Saint Girons ou plus loin. De plus tous les travaux prévus dans la demande de PERM vont déstabiliser l’arsénopyrite contenu dans les roches et libérer de l'arsenic dans les eaux souterraines et dans les rivières : M. Bonnemaison directeur de Variscan l’explique (Géosciences 2005) d’ailleurs très bien lui même «...la réalisation de travaux publics, comme l’ouverture d’une route ou le foncement d’un tunnel, s’ils s’effectuent dans des roches imprégnées d’arsénopyrite, provoquera inéluctablement une déstabilisation de ce sulfure et libérera de l’arsenic dans les eaux de ruissellement» : c’est le cas à Salau où l’arsénopyrite est très présent.
Nous souhaitons également que Mme Marie Lajus accorde une attention toute particulière au montage financier du projet, en effet, le financement des travaux du PERM et les pollutions qu’ils vont engendrer seront financés par une société : Juniper Capital Partner limited qui a son siège aux Îles Vierges Britanniques.
Cette société a par ailleurs signé un joint-venture avec Variscan Mines qui garanti que le PERM appartiendra à 80% à Juniper dès que celle-ci aura investi 2,5 M€ soit 10% du montant des investissements prévus. Alors que nos députés votent des lois contre la corruption, contre le blanchiment d’argent et contre la fraude fiscale, le permis exclusif de recherches serait, dans les faits, accordé à une société dont le siège se trouve
dans un paradis fiscal et non à la société française qui le demande... un comble !
La Mairie de Couflens
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