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Projet d’extension de GUZET-NEIGE - UTN 2005 - Rapport du CEA (extraits) -
ASPECTS ECONOMIQUES -suite -
Le "PRODUIT TOURISTIQUE” ainsi proposé est-il suffisamment attractif ?
1- PISTE ZAG ET TÉLÉSKI
La piste ZAG (…) descend très légèrement, pour atteindre la côte 1568 mètres. où est prévu la gare de départ du téléski.
Les caractéristiques de cette piste parlent d'elles-mêmes : 610 mètres de long, 7 à 35 m de large et 59 mètres de dénivelée seulement !
Ce type de piste verte, en un endroit éloigné du centre de la station (où il y a donc nécessité d'être un skieur plutôt confirmé ) ne présente aucun intérêt suffisamment probant en tant que produit touristique.
2- ITINÉRAIRE DE LA COMBE DU CERDA AU COL D'ESCOTS
Le produit touristique ainsi visé consiste à proposer un itinéraire censé être " haute montagne ".
Cet itinéraire emprunte un vallon assez pentu avec des passages en niveau « piste rouge » et se poursuit par une longue traversée de plus de 1 kilomètre sur un boulevard-retour de 7 à 35 mètres de large et de faible à très faible pente (5à 8%)
On propose donc aux skieurs de descendre un instant sur une modeste pente pour ensuite "pousser avec les bâtons", un bon moment...
Nécessité de navettes multiples puisque pour revenir au parking : obligation d'utiliser le téléski du Fouillet pour revenir au col d'Escots, pour aller à nouveau reprendre un téléporté, pour revenir ...
Par ailleurs le plus clair de l'hiver, de décembre à février, autrement dit en période de fréquentation maximale, le haut de cette zone est le plus souvent à l'ombre,
En outre, elle présente souvent des neiges dures voire croûteuses; en raison de l'alternance gel -dégel très prononcée à ces altitudes *
Or, les skieurs désirant parcourir cette "petite vallée blanche" devront obligatoirement partir du sommet du Freychet:
Aussi une fois parvenus au col qui domine la combe, seront-ils tentés de descendre en hors-piste par un autre vallon débonnaire ensoleillé et facile à skier : celui du versant sud du Cerda. Ce versant présente également un aspect paysager moins austère et plus attrayant pour un grand nombre de skieurs.
Le dossier UTN suggère également que la clientèle sera attiré par un :"ski prestigieux de haute montagne" Cette expression est insidieuse. En effet ce ski n'est pas plus " haute montagne " que celui du versant actuellement équipé du Freychet.
Le versant du Freychet est plus haut en altitude et comprend une piste noire plus pentue, plus prestigieuse également que celles proposées dans la combe du Cerda.
On voit donc que le produit touristique ainsi proposé, ne présente pas tous les atouts susceptibles d'attirer une clientèle suffisante avec:
un itinéraire à profil cassé (modeste descente puis long "plat" sur une piste peu attractive (très large, haut talus amont rocailleux: pas du tout pour du tourisme contemplatif...)
un ensoleillement négligeable;
des neiges dures;
une concurrence directe du versant sud de Gérac, très ensoleillé et agréable à skier (pour les skieurs plus contemplatifs) .
une concurrence indirecte des pistes noire et rouge du Freychet, plus "haute montagne", donc plus prestigieuse. (pour les skieurs de bon à très bon niveau)
une concurrence également des pistes faciles et plus ensoleillées situées à la base du Freychet (pour les skieurs de niveau moyen)
de multiples navettes à réaliser pour revenir à la voiture.
Sans oublier : des risque d'avalanches; partout; non suffisamment maîtrisées. Et qui pourraient décourager les skieurs les plus insouciants... Après leur avoir donné un faux sentiment de sécurité.
Gageons donc que nombre de skieurs appâtés par le produit "petite vallée blanche" y viendront certainement une fois, mais probablement pas deux.
3- MORCELLEMENT DE LA STATION
En raison de la configuration du terrain et de la localisation des principaux hébergements la zone skiable prépondérante de la la station de Guzet reste et restera, toujours celle du vallon de Guzet.
En outre comme il est dit dans le dossier UTN au sujet de la station :"la zone est soumise à de fortes influences éoliennes" ( p.12 AMIDEV ).
En effet, pour bien saisir les problèmes spécifiques à la station de Guzet il faut se rappeler sa configuration en long :une succession d'unités cloisonnées sur elles-même Avec pour passages charnières jouant un rôle clé : le secteur Picou- col d'Escots.
Tout coup de vent qui balance les banquettes des télésièges oblige à fermer les pistes situées à l'amont .
Or, la zone de crête Picou - col d'Escots , zone exposée aux vents, est le seul itinéraire possible pour relier le vallon de Guzet au domaine Freychet-Cerda.
Tout coup de vent sanctionne donc obligatoirement l'ensemble du domaine situé au sud du Picou. Les skieurs évoluant alors dans les combes plus protégées de Prat Mataou et de Guzet .
En conséquence, prolonger la station dans le sens de la longueur, c'est forcément augmenter le nombre de fermetures des pistes.
Les pistes de la combe du Cerda seraient elles-mêmes directement tributaires du vent qui soufflera sur le télésiège du Freychet .
Remarque:
Tenir compte du fait que la configuration de la station en long oblige à des navettes qui ne sont pas du goût de tous les skieurs.
4- LA DEMANDE NE JUSTIFIE PAS L’EXTENSION
En ce qui concerne le marché de l'offre et de la demande le dossier UTN 2005 ne présente aucune analyse, ne cite aucune référence.
Au niveau national, M.Philippe Martin, directeur du Servive d'Etudes et d'Aménagement Touristique de la Montagne (SEATM) :
<< a estimé que la demande touristique ne justifiait pas une extension du domaine skiable.>>
(Sénat - Missions d'informations Bilan de la politique de la montagne )
On peut lire également dans un rapport du SEATM du 30 novembre 98 au sujet d'un projet UTN à Mijanès les lignes suivantes :
<<Le dossier repose sur un principe de base erroné voire dépassé ,celui qui consiste à penser que la seule création de nouvelles remontées mécaniques attire des nouveaux clients et arrive à les fidéliser en dépit de l'attrait des autres stations. Ce principe correspond à une activité gérée par l'offre (ou économie de cueillettes) alors que l'économie des sports d'hiver est devenue depuis dix ans au moins, une économie de concurrence (...)>>
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On peut lire aussi , concernant plus particulièrement le rapport de la clientèle au respect de la nature , toujours selon M. Philippe Martin précité :
<< M. Philippe Martin a ensuite indiqué que le désarmement de certaines remontées mécaniques pouvait se justifier dans deux cas de figure ; d'une part, lorque l'offre ne correspond plus aux attentes de la clientèle, et d'autre part, lorsque l'impact négatif des remontées mécaniques sur le tourisme d'été l'emporte sur ses avantages au cours de la saison hivernale.>>
5- QUELLE EST LA CLIENTELE VISEE ?
Dans la Note de Présentation page 2 alinéa 7, le syndicat mixte écrit :
<<Cette vallée suspendue et protégée du soleil au Nord du Pic du CERDA rejoint le téléski du Fouillet par une piste verte, en lisière de forêt de sapin propre à la contemplation de la nature.>>
C'est manifestement porter un regard incongru sur la notion de "nature contemplée": un boulevard retour de 15 mètres de large qui balafrera la montagne sur près de 2 kilomètres, et qui en été correspondra forcément à un chantier permanent (entretien, incessants reprofilages, nouveaux travaux, ...), n'est pas de nature à favoriser une réelle contemplation.
Et il est évident que ce boulevard-ski partageant la montagne en deux, aura pour principal effet de chasser nombre de touristes . Eté comme hiver
En définitive, il apparaît que la clientèle susceptible de descendre dans le vallon du "haut fouillet" n'est pas suffisamment cernée. En effet, en l'espace des deux premières pages de la note de présentation , le syndicat mixte nous parle tour à tour et toujours au sujet des pistes du Fouillet , de hors piste, de ski prestigieux de haute montagne , de clientèle pratiquant la promenade contemplation ..
Le dossier UTN 2002 parlait lui de ski pour spécialistes. (P.J n° )
Ailleurs on nous parle de clientèle recherchant des pistes dites sauvages
Bref, la clientèle sollicitée varie au fil des intervenants; il est donc manifeste que là encore aucune étude sérieuse ne permet de cerner cette clientèle potentielle qui reste du domaine de l'hypothétique.
6- RECETTES ATTENDUE SUR-EVALUEES
Par ailleurs,-l'utilisation de la vallée du Fouillet sera obligatoirement limitée dans le temps.Le dossier prétend que la combe du Cerda est pratiquable en ski de randonnée deux jours sur trois: d'une part c'est oublier que les hivers se suivent et ne se ressemblent pas.
Deux jours sur trois c'est avant tout dans le cadre d'un hiver enneigé et/ou peu rigoureux.
D'autre part on ne saurait assimiler un ski de piste censé être sécurisé à du ski de randonnée qui lui par définition s'aventure dans des domaines non sécurisés.
Or, il faut tenir compte également de l'impossibilité pour la station d'assurer une sécurité suffisante du domaine convoité, ce qui nécessitera des fermetures fréquentes.
Et plus il neigera, plus le site sera fermé de façon à purger les pentes avalancheuses.
Il paraît donc plus réaliste de dire que les pistes du Fouillet seront ouvertes non pas 2 jours sur 3, mais 1 jour sur 3.
7- DE LA NEIGE EN TROP
En raison du réchauffement climatique , on va assister de plus en plus , tantôt à des hivers sans neige, tantôt au contraire à des hivers particulièrement enneigés: donc à des situations extrêmes.
Or, l'atout majeur de Guzet est ...un enneigement naturel et suffisant de l' actuel domaine skiable.
Mais , plus les chutes de neige seront nombreuses , plus le domaine du Fouillet sera fermé, de façon à permettre aux artificiers de purger les nombreuses pentes avalancheuses.(Tâche laborieuse dont nous avons vu qu'elle ne pourra jamais garantir une suffisante sécurité. )
La fermeture de ce domaine n'en demandera pas moins , l'été venu, un coût d'entretien important des pistes se cumulant à celui de la sécurisation. D'où là encore, un manque de rentabilité.
Guzet qui était jusqu'à présent menacée essentiellement par un manque de neige, sera donc également menacée , par un trop-plein de neige (plus rare, il est vrai.)
En conséquence, tributaire de deux aléas climatiques et non plus d'un seul, sa gestion deviendra de plus en plus difficile.
Projet d’extension de Guzet :
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