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Projet d’extension de GUZET - NEIGE - UTN 2005 - Rapport du CEA (extraits ) -
Grand tétras,lagopède, paysages,...impacts
3.1- LE GRAND TETRAS
3.1.1- Un site vital pour le grand tétras
L' évolution de cette espèce est alarmante, le dossier AMIDEV le rappelle: la cause première de régression en revient notamment à une emprise humaine toujours plus grande: routes, voies d'accès en tous genres, déboisements, pistes de ski,....
Toute création de voie carrossable ou de piste de ski se traduit par la destruction directe du milieu (déboisement, décapage de la végétation) et augmentation sensible de la pression humaine. Laquelle se traduit elle-même par des nuisances de tous ordres sur les espèces sensibles.
A commencer par un pur dérangement pouvant s’avérer des plus regrettables. Ainsi, en hiver, un dérangement trop fréquent du grand coq peut lui être fatal (sa fuite se soldant par une trop grande perte d’énergie.)
- L'expert de l'ONC fait comprendre clairement, les points suivants:
-(…)
[Résumé : Le projet portera indéniablement atteinte au grand tétras. ]
-C'est non pas la survie de quelques coqs, en tant que tels qui est à considérer ici, mais l'impact négatif qui résulterait de la réalisation du projet sur une population de grands tétras jouant un rôle essentiel dans la survie de l'espèce au niveau des communes d'Aulus et d'Ustou.
Au point que l'expert de l'ONCFS écrit : <<la conservation de la fonctionnalité de ce site est un véritable enjeu pour la pérennité de cette espèce.>>
(….)
<<Les grands tétras sont extrêmement sensibles à toute modification brutale de leur environnement ,sur les zones privilégiés pour la reproduction que sont les places de chant ,surtout si ces modifications sont accompagnées d'une augmentation durable de la fréquentation humaine. Dans un contexte perturbé, des déboisements ne font que hâter le processus décrit ci-dessus.>>
(…)
Lieu sauvage vital pour le grand coq. Lui-même sauvage et peu apte à prospérer en présence de tractos-pelles ou canons avalancheurs...
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3.1.2-Mesures compensatoires censées protéger le grand tétras En guise de compensation sont proposées les mesures suivantes.
Panneaux dissuasifs
<<La pénétration hivernale au-dessous de la piste créée sera interdite par panneaux dissuasifs insistant sur le milieu biologique à ne pas déranger.>> (Note de présentation dossier UTN)
Ce type de panneaux s'il peut éloigner des visiteurs en attire d'autres, pas toujours bien intentionnés... Et donc faire plus de mal que de bien.
L'expérience le montre : il n'existe aucun dispositif sérieux interdisant à la fréquentation humaine d'exercer une emprise toujours plus grande dès lors qu'une voie d'accès est créée : il existe toujours une augmentation de la fréquentation de part et d'autre de tout nouvel aménagement de ce type , -indépendamment de sa fonction première. Eté comme hiver. Et que la voie d'accès soit interdite ou non.
Des mesures sont susceptibles de réfréner l’augmentation uniquement dans le cas où la voie d'accès est créée mais certainement pas par rapport à la situation antérieure :avant sa construction.
Visualisation des câbles
Visualisation des câbles par la pose de cylindres voyants:de façon à ce que le grand tétras évite toute collision souvent mortelle avec un câble.)
Page 28, le dossier AMIDEV indique clairement que si la visualisation des câbles peut diminuer le risque de collision, en aucun cas, il ne supprime ce risque susceptible d'engendrer - à lui seul - <<une vulnérabilité de la population présente>>
(….)Ce risque est d’autant plus à prendre au sérieux que la population de grands tétras ici, s’avère relativement faible.
- Mesures compensatoires non adoptées
Au moins, trois mesures dites de compensation recommandées par l'expert de l'ONCFS n'ont pas été adoptées notamment l'une d'elles : la fermeture de la piste menant au col d'Escots (cf. p.29 AMIDEV)
(…)
En toute logique, ces mesures n'ayant pas été respectées, on ne peut donc parler , sous couvert d'expertise, de mesures compensatoires suffisantes. N'étant pas suffisantes, elles ne sauraient donc compenser, réellement.
3.1.3-En conclusion ( protection du grand tétras )
Le projet d'extension se traduira par :
de nombreux tirs d'explosifs situés juste à l'amont de la zone concernée (Ces tirs seront nettement audibles depuis le fond de la vallée.)
la destruction partielle de la limite supérieure de l' habitat du grand tétras (création d' un boulevard retour de 15 m de dénivelée en moyenne pour 7 à 35 m de large.)
une augmentation très sensible de la fréquentation ( dameuses et motoneiges l'hiver; promeneurs , engins de chantier, l'été....)
Compte tenu également du fait que ce n'est pas un biotope dégradé ou pauvre qui expliquerait la présence d' un faible effectif de tétras ( puisqu'au contraire il présente, selon l'expert, un potentiel d'accueil important ) des mesures dites compensatoires ne sont en aucun cas susceptible de compenser réellement l'impact d'un tel projet.
Tous les exemples que nous pourrions citer le montreraient :
la problématique ici ne correspond pas au cas de figure d'un projet qui aurait pour but de favoriser la survie du grand tétras mais bien, avant tout au cas de figure d'aménagements lourds présentant toutes les caractéristiques nécessaires pour amener une population fragilisée de grand tétras à un point de non -retour. Avec , comme paramètre à prendre en compte : répercussion négative possible sur l'avenir de l'espèce elle-même.
3.2- LE LAGOPEDE
Situation du lagopède : << espèce de tétraonidé en déclin sur la chaîne.>>
Le spécialiste de l'ONCFS écrit (dossier AMIDEV )
(...)
Il écrit également p.29 :<< Le massif (…) en particulier son versant nord, est fréquenté en hiver par le lagopède alpin,.>>
Or, l'expert avalanchologue préconise précisément, sur ce même versant, plusieurs dizaines de tirs, chaque année, avec canon avalancheur, pour purger l'ensemble du versant.(cf§ ) (…)
( La fonction d'un canon avalancheur consiste à projeter sur les pentes un explosif . )
Conséquence et conclusion ( lagopède ):
Délogement du lagopède par bombardements répétés de son aire d'évolution.
3.3- AVIS NEGATIF DE LA D.R.A.E.
Lors du projet UTN 87 la DRAE émettait l’avis suivant (DRAE :ancien nom de la DIREN: Direction Régionale de l’Environnement):
<< avis défavorable à l'extension vers le Fouillet, compte tenu de l'intérêt écologique>>
Cet avis a d'autant plus de poids que ce même organisme donnait un avis favorable à l'extension sur Turguilla ,vers l’Espagne .( Projet qui a pourtant été rejeté par le Tribunal administratif...)
cf. pièce jointe intitulée: Demande d'autorisation UTN -Compte rendu des observations recueillies-2 octobre 1987 )
Conclusion succincte au sujet de l’aspect environnemental
(paysage; sols; grand tétras; lagopède et autres espèces non citées ici,dont l’une rare et répertoriée sur la liste nationale des espèces protégées )
Compte tenu de ce que nous venons de voir il ne semble guère pertinent de justifier ce projet en prétendant proposer du "tourisme contemplatif, du " respect de l'intégrité du paysage" ou encore au nom " d' une clientèle recherchant des pistes dites sauvages"
Il n'est pas davantage certain que l'image du futur parc naturel de l’Ariège, censé être préservé - et censé préserver - soit adaptée à ce type de réalités.*
En tout état de cause, la réalisation du projet UTN se solderait -indéniablement - par des impacts environnementaux des plus conséquents.
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* surtout si ceux qui s’autorisent à donner des avis favorables
à des projets aussi respectueux que celui-ci sont également chargés de diriger le parc...
Projet d’extension de Guzet :
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