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Projet d’extension de GUZET-NEIGE - UTN 2005 - Rapport du CEA (extraits) -
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ASPECTS ECONOMIQUES
PROBLEMES DE SECURITE - AVALANCHES -suite-
4- PROBLEMES DE RESPONSABILITE
Dans la Note de présentation page 2 alinéa 8 : le Syndicat mixte écrit au sujet du secteur du Haut Fouillet :
<<Il n'y a aucune obligation à maintenir ouvert en permanence ce secteur mais plutôt (...) lorsque les bonnes conditions sont réunies.>>
C'est avouer implicitement qu'il n'est pas question de s'ingénier à sécuriser un domaine aussi important .
Dès lors plusieurs problèmes résultent de cette situation:
-qui décidera si les bonnes conditions sont réunies pour ouvrir ce domaine mi-sécurisé ? En fonction de quelles compétences ?
(On sait très bien que la connaissance scientifique en matière d'avalanches reste impuissante à prédire le comportement précis d'une avalanche potentielle.
Nécessité d'attendre que le manteau neigeux soit particulièrement sûr. Sans jamais avoir la certitude que l'avalanche est évitable, puisqu'on évitera de la déclencher systématiquement
En dépit des recommandations de l'expert avalanchologue... et en raison de l'absence de moyens suffisants, notamment un manque de personnel (cf. ci-après)
PISTE SOUS LA FACE NORD DU CERDA
On peut aisément deviner que la piste de ski la plus à l'ouest dite "variante" sera un vrai imbroglio à elle seule, au niveau des décisions à prendre quant à son ouverture ou à sa fermeture.
En effet, page 5, l'expert écrit :
<< (...) la variante qui emprunterait la combe serait atteinte par toutes les grosses avalanches et par les plaques qui se forment sous la falaise, susceptibles d'être déclenchées par des skieurs hors-pistes (...)même si la variante n'est pas tracée, sa fermeture devra être suffisante pour que la combe ne devienne pas une "piste de fait".
Obligatoirement les skieurs hors pistes feront de ces pistes des "pistes de fait" .
Comme cela s'est produit ces deux dernières saisons pour la nouvelle piste non officielle, non ouverte au public, du versant sud du Freychet .
PISTE ET HORS-PISTE
Incitation : incitation à faire du hors piste dans de multiples endroits dangereux à très dangereux (...).
Incompatibilité : le hors piste qui se pratique actuellement sur le versant nord de l' Abibardis et qui correspond à un” ski extrême” est incompatible avec le projet de pistes situées quasiment au pied de cette face.
Idem pour le Haut-Fouillet :en raison de l'engouement pour le “ski extrême” qui est devenu accessible à un grand nombre, le hors-piste se pratiquera aussi -obligatoirement- sur les raides versants qui surplombent les pistes projetées.
D’où, là encore, un gros risque de déclenchements de coulées par des skieurs évoluant à l'amont de ces nouvelles pistes de ski.
Page 5, l'expert lui-même écrit au sujet de la piste la plus à l'ouest : <<plaques qui se forment sous la falaise, susceptibles d'être déclenchées par des skieurs hors-pistes >>
Dangerosité accrue: une fois dans la combe du Cerda , les skieurs hors-piste seront tentés de descendre la vallée du Fouillet en empruntant tout d'abord des pentes faciles contiguës des nouvelles pistes.
Or, d'une part, ces pentes attractives dominent des barres rocheuses dangereuses D'autre part, ces mêmes barres obligeront les skieurs à s'engouffrer dans le corridor proche du Cirque de Casiérens . Ce corridor est un véritable réceptacle d'avalanche de très grande envergure.
D'énormes masses partent des versants qui font face à ceux de la combe du Cerda; elles sont hors de portée de toute éventuelle intervention par les artificiers de Guzet.
Le degré de dangerosité de ce hors-piste est sans aucune mesure avec celui de l'actuel itinéraire ordinairement utilisé pour se rendre à Bazach(...)
Résidus d’avalanches sur couloir qui sera utilisé comme piste de ski...
Plus haut, non visible sur la photo, des pentes très raides où se pratique fréquemment du hors-piste. Ce qui représente un risque important de déclenchement de coulées sur les skieurs qui évolueront dans le couloir...
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Haut du couloir précédemment évoqué
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Conclusion
Les nouvelles pistes de ski seront donc une incitation forte à du hors piste, excessivement dangereux
Presque toutes seront elles-même, dangereusement dominées par des versants très pentus où se pratiquera du hors-piste.
Panneaux et filets dissuasifs bien loin de dissuader seront au contraire, pour nombre de skieurs, prétexte à braver l'interdit .
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FACE NORD AVALANCHEUSE
Au pied de laquelle passera une piste de ski....
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5-ORGANISATION DES SECOURS-SURVEILLANCE
Rappel : Trois emplois saisonniers seulement sont prévus pour assurer la sécurité du nouveau domaine skiable ( plus de 20 avalanches ) En dépit des recommandations de l'expert avalanchologue qui préconise 3 ou 4 équipes d'artificiers. Aucun nouvel emploi spécialement réservé à la surveillance et aux secours n'a été envisagé.
5.1- SECTEUR ISOLE SANS SURVEILLANCE
A la différence de l'actuel domaine skiable ou chaque unité se situe à l'amont d'une centre d'accueil à partir desquels les pistes sont visibles et/ou faciles à surveiller, aucun bâtiment n'est à même de faciliter la surveillance au sein du secteur isolé situé entre le fond de la combe du Cerda et la piste dite ZAg
En conséquence , deux cas se présentent :
-soit rien n'est prévu pour ce secteur et la sécurité n'y est pas suffisamment assurée;
-soit, par la force des choses, un poste de secours y sera implanté. Dès lors, il s'agit là encore d'un aménagement à prendre en compte dans le coût du projet . Auquel cas, il faudra ajouter, également, les frais de personnel correspondant.
5.2- ZONE AVALANCHEUSE “OUBLIEE” DANS LE DOSSIER
Le versant sud du Freychet n'est pas censé faire partie intégrante du domaine de la station Or, comme on peut le voir sur les cartes, il va être utilisé en tant que tel.
En conséquence, il aurait dû être englobé dans l'étude d'un projet UTN : soit celui de 2002, soit celui actuellement en cours
Ce versant est avalancheux : régulièrement de grosses coulées descendent jusqu' à la route de Picarech, située en contrebas.
D'où des risques encourus par le personnel de la station pour se rendre au sommet du Freychet en dameuse ou moto-neige.
Mais aussi par un nombre élevé de skieurs hors piste qui descendent de ce sommet pour revenir au col d'Escots en utilisant la voie d'accès
L'aspect dangereux de ce versant fut signalé par la DDAF, service RTM, qui écrivit lors de l'enquête UTN de 87:
Versant exposé au sud , de Picarech au Freychet:
<< Il s'agit d'un immense versant très dangereux, complexe où le risque de chutes de pierres s'ajoute à celui des avalanches. (...) Pour ouvrir cette portion de route au public en hiver , il sera nécessaire de procéder au déclenchement préventif de ce versant par l'installation d'un câble transporteur d'explosifs (CATEX) partant du Freychet et desservant également la zone nord du Picarech (...)Ce CATEX d'une longueur de câble d'au moins 2,5km, nécessitera la pose d'une douzaine de pylônes : son coût peut être estimé à 800 000F>> (PJ n° 2 )
Or, ce CATEX n'a jamais été installé.
Voir également nos photos ci-dessous qui témoignent de la dangerosité du versant
Et qui illustrent également le côté fantaisiste de l'accès des dameuses obligées de passer sur les coulées de neige...
Au point que leur montée au sommet, après de grosses chutes de neige peut devenir problématique…
-Soit ce versant est laissé en l'état: , dans ce cas , la sécurité du personnel n'est pas assurée comme il le faudrait, ainsi que celle des skieurs hors -piste
-Soit il sera équipé d'un CATEX; dans ce cas, son coût est à prendre en compte dans le coût total des dépenses
Il importe également d'observer ici que trois aménagements spécifiques à la station incitent grandement les skieurs à revenir au col d'Escots , en hors-piste :
-le télésiège qui permet l'accès au sommet;
-la nouvelle piste de ski du versant sud accessible depuis le sommet;
-la voie d'accès (route de terre) régulièrement empruntée par les dameuses et les moto-neiges ;
Les skieurs peuvent donc circuler entièrement sur des zones aménagées.
Engagent -ils seulement leur propre responsabilité ? La question mérite d'être posée.
On peut se demander également s'il est bien raisonnable de laisser courir des risques aussi importants au personnel de la station.
De ceci découle cette question :
Actuellement, Guzet n’assure pas une suffisante sécurité des personnes sur un domaine qu'elle utilise en permanence. Dès lors, comment pourrait -elle parvenir à une suffisante sécurité dans des sites bien plus problématiques comme celui du Fouillet ?
6- AUTRES MESURES DE SECURITE NON PRISES EN COMPTE
Les responsables du dossier UTN (en l’occurence le Syndicat mixte de Guzet ) n’ont pas pris en compte dans leur étude les risques de glissements de terrain.
A ce sujet, on peut lire page 3 du dossier "Piste de ski alpin" réalisé par Dianeige:
<< Précisons qu'aucune étude géotechnique de type reconnaissance par sondages, ni aucune étude hydraulique n'ont été réalisées concernant ces projets.>>
Rappelons également, au sujet des risques naturels que le Plan des Préventions des Risques de Guzet-Neige n'a toujours pas été réalisé (cf. dossier AMIDEV p.24)
7-RISQUES COUTEUX
La note de présentation du dossier UTN informe qu'un canon avalancheur sera utilisé.
(Avalancheur : canon qui propulse sur les pentes un explosif ,le Nitroroc S.8.48 . -mélange de deux produits chimiques)
Coût du fonctionnement d'un avalancheur non négligeable : plus de 200 euros par tir (sce/ ANENA)
Soit, en supposant qu'un seul tir soit réalisé pour les 4 pentes à purger : plus de 800 euros.
Ou encore si 2 tirs par pente : 1600 euros, 3 tirs : 2400 euros....
Selon l'expert, p 5, Les avalanches 10b et 10c nécessitent à elles seules 30 à 40 flèches par an soit 6OOO à 8000 euros par an....
En outre, un canon avalancheur n'est pas fiable à 100% :les râtés de tir ne sont pas rares.
Projet d’extension de Guzet :
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