Montagne-protection.org
Mont-Vallier: projets d’aménagements dans la réserve nationale et Site Natura 2000 du Mont-Vallier |
Courrier du Comité Ecologique Ariégeois, écrit par des militants de la section Montagne et adressé à la direction de l’ONF à Paris.Courrier resté, à ce jour (juillet 2006 ), sans réponse... |
Monsieur le HERICY - Direction de l’Environnement et du Développement Durable - Office National des Forêts - 2, avenue de Saint Mandé 75 012 PARIS
Le 15 février 2005
Objet :
Projets d’aménagements sur le massif du Mont Valier.
Monsieur,
Notre association, agréée pour la protection de la nature, de l’environnement et du cadre de vie en Ariège, a déjà saisi votre direction en 1999 au sujet de projets d’aménagements lourds concernant le site du Mont- Valier et plus précisément sur le secteur du Port d’Aula (Courrier du 27 septembre 1999).
Dans le premier semestre 2004, nous avons demandé une entrevue à M. FREBY, responsable de l’O.N.F. dans le département. Le but de cette rencontre était, d’une part, de lui communiquer les limites que notre association jugeait acceptables en matière de développement durable sur ce site, et d’autre part, de lui permettre de nous exposer en toute transparence les projets prévus sur la réserve du Mont Valier. Si nous avons largement exposé nos points de vue et même notre opposition sur l’orientation de certains projets (ouverture à la circulation de la piste du port d’Aula, autorisation de concession de carrière à Estours, refuges de grande capacité….) à l’inverse nous pouvons affirmer que M. FREBY ne nous a délibérément communiqué aucune information sur des projets concernant pourtant le public.
De la même façon, le déroulement soi-disant démocratique des concertations Natura 2000, animées par Laure BOURRAQUI, qui concerne tout le massif du Mont Valier, faisaient complètement abstraction de ces projets très polémiques et incompatibles avec la pérennisation des habitats naturels et des espèces sauvages répertoriés dans la réserve.
Dans le même esprit de concertation, à l’initiative de l’O.N.F, une série de réunions ont été menées par un bureau d’étude sur le thème « valorisation du Valier ». Le but était de réunir en différents groupes de travail des acteurs des sept communes incluses dans la zone d’étude. Une trentaine de personnes, dont des membres de notre association, ont pu réfléchir et s’exprimer au cours des discussions et par écrit sur les différents domaines de réflexion proposés. L’opinion générale est que la région concernée possède de précieuses richesses naturelles, un patrimoine culturel qu’il est important de conserver et d’entretenir et que devaient être exclues de grosses structures venant rompre l’équilibre. Or quelle ne fut pas notre surprise, lors de la réunion de clôture faisant le bilan de ce travail de « concertation », de voir apparaître dans la liste d’objectifs à présenter aux élus et décideurs, des sujets très peu abordés car de suite polémiques : aménagement de parking, ouverture d’une route transfrontalière (celle du Port d’Aula)…. ! Nous pouvions encore espérer que cette expérience intéressante n’était pas un leurre jusqu’à ce que nous apprenions tout récemment que la possibilité serait donnée par l’O.N.F à la commune de Seix de goudronner la piste du Port d’Aula, sur quatre kilomètres en deçà du col de Pause et jusqu’à la cabane pastorale d’Aréau.
Cette piste était déjà autorisée à la circulation motorisée jusqu’au col de Pause. Goudronner jusqu’à la cabane pastorale d’Aréau signifie autoriser l’ensemble des véhicules à accéder jusque là, ce qui constituera une pénétration encore plus importante et plus en avant des véhicules dans la réserve.
Cette décision est scandaleuse et ne relève en rien d’une politique de gestion durable d’un espace naturel. La seule nécessité de création d’un parking (qui doit s’envisager en aval du col de Pause) ne peut pas justifier la pénétration plus en avant dans la réserve. Vos services connaissent la richesse de ce site et tout spécialement celle de cette zone comprise entre le col de Pause et le port d’Aula ; nous ne citerons que quelques espèces mais les plus emblématiques : le lagopède alpin, le grand tétras, le gypaëte barbu, l’aigle royal…..A ces données anciennes s’ajoute depuis 1999 la présence régulière sur le secteur de l’ours brun. Dans ce contexte nous vous demandons de bien vouloir vous référer à l’arrêté du 16 décembre 2004 du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable qui spécifie ce qui suit :
« Art. 1er .- (…) sont interdits sur tout le territoire national et en tout temps, l’altération ou la dégradation du milieu particulier des mammifères d’espèces non domestiques suivantes(….)Ours (Ursus arctos).”
Cet arrêté concerne aussi la liste des espèces d’oiseaux protégés. Vous pourrez bien évidemment faire confirmer cette information par les services de l’office national de la chasse et de la faune sauvage qui seront de toute façon destinataire d’une copie de ce présent courrier, puisque très concernés dans la gestion de ces espèces sauvages. Dans ce même esprit, il nous semble évident, que si ce projet n’est pas stoppé de suite, il devra obligatoirement être traité en Comité Technique Ours, qui mesurera toute l’incidence de cette décision de gestion. Au-delà de toutes ces démarches, nous envisagerons de saisir le tribunal administratif qui devra veiller au respect de l’arrêté du ministère de l’écologie.
Nous ne comprenons pas cette attitude qui constitue une véritable régression en matière de gestion durable. Nous espérons vivement que vos services sauront revenir sur ce projet, pour le respect de la réglementation en vigueur, des espaces naturels remarquables qui font la renommée du site du Mont Valier.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations.
Le président du Comité
Ecologique Ariégeois
Thierry de NOBLENS
Ci-joint :
-Copie du courrier du 27/09/99
Copie de ce courrier adressée à :
- Ministère de l’Ecologie et du Développement durable
- Office national de la chasse et de la faune sauvage
|