ARIEGE-PYRENEES, MONTAGNE MENACEE !
Protection de la montagne ariégeoise, dans l’intérêt même des populations locales
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Qui sommes-nous ? ( suite )
(publié en juillet 2006)
Si je pense à Gilbert dont la demeure paysanne est perchée près d’une crête , face à Montségur, je vois un descendant des cathares... Bien sûr, je souris en disant cela, mais tout de même, d'évidentes analogies subsistent.
En vérité, je ne parviens pas à dissocier Gilbert d'une certaine poésie de la vie . Et je revois des souvenirs de “lycéens”, de musique, de fous-rires, de ballade au bout du monde, de hasard étonnant, de clochers pyrénéens, de brumes matinales, de prairies pacagées et au dessus de toits d'ardoise, au dessus des villages de Cescau et de Castillon : des cimes, oui,... qui appellent.
Simples souvenirs? Non, l’émergence de perceptions indicibles envers ces hautes terres; et la découverte d’un camarade, d’un ami, dont le regard sur autrui me semblait à lui seul, tout un poème.
Si je pense à Claude, je songe à son analyse pointilleuse de la dégradation de la montagne . Une analyse qui se rapproche étroitement de la mienne. M’interpelle également son sens aigu du dialogue administratif. Du droit démocratique de chacun à l’information... Transparente.
Surgit également le souvenir de son oncle, berger rencontré sous Arausa et qui "transhumait" dans la journée, de Falat au Trois-Seigneurs.
Si je pense à Denise, me vient à l'esprit son travail quotidien à la cause écologique. Un dévouement permanent, dans le plus grand des désintéressements. Et aussi le calme de ceux qui savent lutter, longtemps. Avec une sensibilité qui fait défaut parfois à certains de ces “grands montagnards” sachant si bien louer la montagne tout en cautionnant, à la fois, sa dégradation...
Je revois aussi sa maison, une maison simple , dénué de superflus, si ce n’est le rappel d’un passé paysan.
Si je pense à Thierry, président du comité écologique ariégeois, c'est à l'inverse, son éloquence qui m’est évoquée. Voire une certaine fougue parfois, lorsqu’il s’agit de batailler. Mais aussi, du discernement subtil qui trahit un désir de vérité. Un être clair. Que l'on retrouve sur tous les fronts. Un être convaincu et convaincant.
Bien entendu, une telle appréciation serait promptement fustigée par ceux-là même qui, lors de réunions officielles, se permettent d’ aboyer à son encontre, lui, le représentant de l’indigne -et gênant - CEA !
Pardon : aboyer, louvoyer; ou pire : leurrer.
Mais Thierry ne désarme guère. Et quitte à déranger, il continue -depuis des années - de se confronter à ce type de concertation... Ce qui atteste de certains traits de caractère et d’une certaine foi en la cause qu’il défend.
Si je pense à Alice, notre avocate, je revois son pas leste dans la vallée du Fouillet et des ravissements, des questionnements et des silences qui caractérisent d’emblée un contact simple et vraie avec la nature.
Mais Alice, c’est aussi, je crois bien, une alliance peu commune, entre le cœur et l’esprit. Entre douceur, intelligence vive, compassion et rébellion.
Avec un sens de l’écoute qui atteste non pas tant d’une profession que du caractère équilibré, serein et clairvoyant de la personne qui le manifeste. Une "citadine" certes; mais apte à comprendre, apte à ressentir et à défendre les intérêts de la montagne bien mieux que la plupart des soi- disants "professionnels de la montagne".
Si je pense à Daniel venu de la Suisse et à Catherine venue de Paris, installés ici depuis plus de vingt ans, je revois leur récolte de miel : des tonnes chaque année...
Je revois aussi des idées et des faits témoignant d’un souci de vivre de façon écologique.
Mais encore leur attraction pour la montagne, même si je crois y discerner quelques divergences avec ma propre vision des choses.
Et dans leurs circonspections, des interrogations qui appellent des réponses...
Je revois et j’entends...
J’entends des vociférations dirigées contre Daniel, lors d’une réunion publique traitant d’un certain projet de refuge-hôtel à la Hillette. Et Daniel, imperturbable, avec son bel accent suisse, de continuer à poser des questions de fond...
Si je pense à Martine, je vois son petit restaurant aux abords d’un village ariégeois bien connu; avec des odeurs croustillantes de pizzas et le son d’un piano pétillant.
Des réunions qu’elle organise au sein même de ce village dans la perspective d’une économie locale un peu plus efficace et humaine.
Son combat juridique aussi contre des élus.
Mais encore son désir d’organiser un débat avec tous les incompris qui luttent, au sein de ces vallées, pour une cause ou une autre .
Bref, entre festival du palais et palais de justice; diversité, festivité, et responsabilité, c’est Martine.
Si je pense à celui qui écrit ces mots, je vois quelqu'un qui - aujourd'hui - a froid (pardi, le thermomètre intérieur frise les deux degrés. ) Froid dans son corps et peut-être aussi dans son âme...
Même si le clocher de ce village où je suis né, où maints de mes ancêtres sont nés, annonce Noël.
Ne vous méprenez pas: en cette planète qui se réchauffe de nos riches activités et où la misère reste le quotidien du plus grand nombre, je retire une certaine fierté de ne plus être vraiment représentatif de la classe des “nantis”... D’être quelque peu sorti du lot, d’avoir pris du moins un certain recul vis à vis de notre société de l’illusoire, pour me consacrer à la défense de valeurs fondamentales .
Non je ne condamne pas notre société; je l'accuse. Je l'accuse de commettre des excès. Et de grosses erreurs.
Quant à mon âme, je l’espère suffisamment malléable pour palpiter à nouveau au détour d’une musique, d’un sourire, d’une émotion, d’une idée, d’une rue ou d’un sentier.
Simples instants de sérénité voire de plénitude, auxquels chacun a droit même s’ils s’avèrent -hélas pour certains- impalpables, imbalisables, invendables ...
Car, faut-il le dire : les états d’âme ne se programment pas, ne s’achètent pas. Ne se commercialisent pas. Du moins, pas encore...
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Qui sommes-nous?
Des illuminés ? Des marginaux? Des nostalgiques ? Des fanatiques? Des extrémistes?...
Nenni, nous sommes des personnes de tous horizons.
Au service de la Montagne ?
Au service de ces vallées et de la Vie.
A ce sujet, ne vous fiez pas trop lecteur, à l'apparence de ces pages qui semblent uniquement consacrées à la défense de la montagne. Derrière l'écran, se terrent des "êtres mystérieux" qui en tout bien, tout honneur, se font un devoir d'œuvrer, en faveur d'un monde meilleur.
Peut-être aurons-nous un jour l'occasion d'en reparler. Mais, pour l'heure, c'est bien de la montagne en général et des Pyrénées Ariégeoises en particulier, dont il est question ici.
Qui sommes-nous?
Nous sommes avant tout des êtres libres, libres de penser oui, mais face aux errances de notre civilisation nous sentons bien aussi la nécessité de nous regrouper en association.
Ce que nous faisons notamment, du moins pour certains d’entre nous, avec le comité écologique ariégeois et sa section montagne.
Être membre d'une association écologiste ne signifie pas pour autant adhérer nécessairement à toute thèse dite écologiste.
C'est pure utopie de penser qu'il puisse exister une vision du monde absolument similaire entre deux individus quels qu'ils soient.
Donc, à fortiori, au sein d'un groupe de personnes.
Quoi qu'il en soit, des différences la conscience s'enrichit.
Écolo, promoteur, ou in-différent, merci donc à chacun d'être différent. Avec un peu plus de gratitude tout de même, pour les écolos.
Merci en particulier à Thierry , à Pierre, à Martine, à Gilbert, à Denise, à Daniel, à Claude, à Catherine, à Alice.
Mais aussi à Alain, Aline*, François, Françoise, Ginette, Herbert, Marc, Michel, Philippe, ...
Qui sont-ils ? Des êtres humains, comme vous et moi. Des êtres humains qui se mobilisent.
Et vous, au fait, qui êtes-vous?...
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Lilian Brunel
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