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Projet d’extension de GUZET - NEIGE - UTN 2005 -
P. 24
Projet de Guzet
Jugement du
TRIBUNAL
ADMINISTRATIF
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JUGEMENT DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF Guzet-Neige :projet d’extension rejeté par le Tribunal
écrit le 27 mai,publié le 1 juin 2010
Depuis 2002, avec le concours du Conseil Général de l’Ariège , la station de ski de Guzet projetait de s’étendre dans le vallon sauvage et pastoral du Fouillet. En créant notamment l’équivalent d’une route de 7à 35 mètres de large, pour des talus de 11 à 15 m. de haut.
Après examen attentif du dossier (et du terrain ), le Comité Ecologique Ariégeois s’exprima : allaient en pâtir, non seulement la faune, la flore et les paysages mais aussi l’argent public et les intérêts économiques de la station. Mais encore la sécurité même des skieurs et du personnel de la station. En outre, quelques agissements anti-démocratiques voire illégaux sautaient aux yeux. Par exemple,en 2003, sous prétexte de déblais à déverser, une piste de ski fut construite incognito, sans la moindre autorisation officielle... Et son existence elle-même fut niée par le sous-préfet et par le préfet qui étaient en poste.
En 2005,en dépit des propos négatifs de diverses administrations (ONF, DIREN,Trésorerie,...), le préfet de région donna le feu vert au projet.
Dès lors, le Comité Ecologique Ariégeois porta l’affaire devant le Tribunal Administratif de Toulouse.
Cinq ans plus tard,mai 2010, verdict du tribunal : annulation totale de l’autorisation de création de l’Unité Touristique Nouvelle.
Une bonne nouvelle pour quantité de personnes
C’est donc une très bonne nouvelle ; du moins pour ceux qui savent y voir le respect de la montagne comme celui de l’intérêt général, intérêt à la fois démocratique, social, sécuritaire, environnemental, pastoral et économique.
Car, question finances et économie, au seul motif de vouloir “proposer un nouveau produit touristique” nul doute que Guzet s’apprêtait à foncer droit dans le mur; en raison notamment de deux handicaps majeurs: secteurs très avalancheux et zones à enneigement déficitaire interdisant un meilleur enneigement de la station (voir démonstration sur montagne-protection.org)
Très bonne nouvelle donc pour les milliers de touristes qui chaque année s’en viennent contempler la vallée d’Aulus ; mais aussi pour les éleveurs dont les troupeaux nécessitent des pâturages de qualité (sans talus de routes de 15m de haut par exemple); mais encore pour quantité de randonneurs qui n’auront jamais écho de cette nouvelle, mais qui devraient pouvoir goûter, longtemps encore, aux splendeurs de ces montagnes. De près comme de loin ; car nul doute que les balafres envisagées eussent été visibles de très loin, à des kilomètres à la ronde.
“Passant, toi qui t’émerveilles à la vue de ces monts préservés, aie donc une petite pensée de gratitude pour les écologistes du CEA et autres militants...”[1]
Le jugement du Tribunal
Quelles sont les principales conclusions rendues par le Tribunal Administratif pour justifier l’ annulation de l’arrêté préfectoral autorisant le projet de Guzet-Neige ?
Outre une irrégularité de procédure (commissaire qui n ‘avait pas à présider en commission de comité de massif), le tribunal reconnaît que le vallon du Fouillet, site vierge de tout équipement, abrite de nombreuses espèces fragiles (faune et flore) et présente une grande richesse patrimoniale qui serait mise à mal par la réalisation du projet.
Il se réfère à l’article L.145.3 du code de l’urbanisme selon lequel l’aménagement d’une nouvelle unité touristique doit répondre aux intérêts des collectivités locales tout en respectant la qualité des sites et les grands équilibres naturels.
Il met en exergue les traumatismes environnementaux (y compris paysagers) qui seraient induits par les travaux de déboisement et de terrassement,mais aussi par le fonctionnement de la nouvelle remontée mécanique, tout comme par les tirs et explosions à gaz pour le déclenchement des avalanches.
Il précise également que les moyens humains et matériels prévus pour assurer la sécurité du domaine avalancheux «sont très insuffisants en regard des préconisations d’un expert avalanchologue"
Il met également l’accent sur l’aspect financier très défavorable :
- d’une part: «le résultat d’exploitation actuel de la station ne permet pas de dégager une marge suffisante (...) 50% du coût de l’opération devant être financés par Ustou et par la communauté des communes d’Oust qui présentent déjà une situation financière fragile »
-d’autre part, en référence à l’analyse de la trésorerie générale de Midi-Pyrénées il rappelle: les hypothèses d’enneigement et d’augmentation de la fréquentation s’avèrent trop optimistes.
Bref, même si l’une de nos doléances semble avoir été écartée, l’essentiel de notre argumentation a été approuvée. On peut d’ailleurs résumer le jugement du tribunal ainsi:
dégâts excessifs sur un milieu naturel de grande valeur patrimoniale avec sécurité des skieurs non assurée et impact financier et économique très insuffisants. La création de l’UTN « ne peut donc être regardée comme prenant en compte les communautés d’ intérêt des collectivités locales concernées, ni comme contribuant à l’équilibre entre les différentes activités,[loisir et économie] visées au IV de l’article L.145.3 »
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Justice donc a été faite; mais il importe de rester vigilants.
En tous cas, précisons-le : l’affaire de Guzet illustre une façon habituelle de vouloir sans cesse gérer nos montagnes à grands renforts de bons sentiments, d’argent public, de démocratie malmenée, d’arguments fallacieux et d’une vision partielle, partiale et insidieuse de la montagne qu’il serait temps de réviser.
Lilian BRUNEL
[1] Petite pensée notamment pour M.Papaïx, T. de Noblens, G.Chaubet, M.Maillet,P.Noyès, C.Soula, D.Clanet et A. Terrasse, avocate du CEA. Et peut-être aussi pour l’auteur de ces lignes...
Projet de Guzet
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